MEDEF-NC : Demande d'équité concernant les jours chômés pour les services publics en 2025 auprès du Président du Gouvernement
Le MEDEF-NC avait adressé un courrier au Président du gouvernement en date du 4 mars 2025.
Objet : Arrêté du Haut-Commissaire et du Gouvernement relatif aux jours chômés pour les services publics en 2025
Monsieur le Président,
Le Comité Directeur du MEDEF Nouvelle-Calédonie a pris connaissance avec stupeur de l’arrêté conjoint du Haut-Commissaire de la République et du Gouvernement de la Nouvelle-Calédonie portant sur les jours chômés dans les services publics pour l’année 2025.
Cet arrêté prévoit la fermeture des services publics lors de 5 ponts, réduisant ainsi 5 semaines à 3 jours de travail en 2025 alors même que le territoire fait face à une situation budgétaire extrêmement précaire. Nous rappelons que 900 entreprises ont été incendiées, qu’à fin 2024 près de 13.000 personnes étaient indemnisées au chômage, que des milliers de travailleurs indépendants se trouvent dans une situation de détresse absolue.
Dans un tel contexte, il nous semble totalement indécent que la fonction publique puisse bénéficier de jours de congé supplémentaires financés par des caisses déjà exsangues, alors que le secteur privé lutte pour sa survie. Cet arrêté est un signal très négatif envoyé aux acteurs du secteur privé, financeurs du secteur public, qui doivent redoubler d'efforts pour tenter de maintenir leur activité, les emplois et préserver ce qu’il reste de dynamique économique du territoire.
Nous nous interrogeons de la pertinence de cette décision qui ne témoigne d’aucune solidarité avec les entreprises et les employés du secteur privé, pourtant moteurs de l’économie calédonienne.
Nous vous demandons ainsi de bien vouloir reconsidérer cette mesure et de veiller à l’équité des efforts que doivent consentir le secteur public et le secteur privé pour faire face aux défis économiques qui nous attendent.
Dans l’attente de votre retour, nous vous prions d’agréer, Monsieur le Président, l’expression de notre considération distinguée.
DANS LES MEDIAS :
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TV NC La 1ère du 30/04/2025 - Les commerçants doivent s'adapter aux nombreux ponts de Mai
Reportage : Les commerçants doivent s'adapter aux nombreux ponts de Mai. Le Vice Président du MEDEF-NC Bertrand COURTE revient sur l'alerte faite auprès des Institutions début avril à propos de ces ponts octroyés au secteur public ; et le Président du Syndicat des commerçants Ronan DALY, interrogé sur l'impact auprès des commerçants.
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Très chers fonctionnaires | Actu NC 09/04/2025
Très chers fonctionnaires | Actu NC 09/04/2025
Si le secteur privé reste le premier pourvoyeur d’emplois salariés en Nouvelle-Calédonie, le secteur public* occupe pour sa part une belle… mais chère place.
Si les fonctionnaires et salariés de la fonction publique sont fortement contributeurs au dynamisme du tissu économique, ils coûtent cher à la collectivité, et donc au contribuable. Plus que leur nombre, il y a leur poids. Car avec près de 100 fonctionnaires pour 1 000 habitants, le territoire accuse un taux d’administration élevé par rapport à la moyenne des régions françaises. En 2020, ils représentaient 25,6 % de l’emploi total (hors militaires) du territoire. À titre de comparaison, en France, ce taux est de 18,9 % (chiffres 2021).
Des salaires 48 % supérieurs à ceux du privé
Or, cette masse salariale s’avère fortement consommatrice en salaires, puisque le salaire moyen net mensuel dans le public est en moyenne 48 % supérieur à celui du privé. Selon la synthèse annuelle des salaires 2020 à 2022 de l’ISEE, le salaire public net mensuel moyen s’élevait à 445 000 francs contre 299 000 francs dans le privé. « Le salaire médian public, lui, est à 361 000 francs. C’est 77 % de plus que dans le privé (203 000 francs) », selon Mimsy Daly, présidente du Medef NC, vent debout contre la surreprésentation du secteur public. Même les salariés les mieux payés du public sont mieux payés que les salariés les mieux payés du privé.
Selon une étude de l’ISEE de 2022, les salariés du public les mieux payés gagnent 55 % de plus que leurs homologues les mieux payés du privé (700 000 francs versus 451 000).
Pourquoi un tel écart ? En moyenne plus qualifiés, les emplois du secteur public demeurent mieux rémunérés que ceux du privé. De fait, la moitié des emplois du secteur public relèvent des CSP cadres, professions intellectuelles supérieures et professions intermédiaires. Alors que dans le privé, ce sont les employés qui sont majoritaires (62 %). À cela s’ajoute le fait que les salaires ont moins progressé dans le privé que le public : en six ans, les rémunérations du secteur privé ont augmenté de 1,2 % (soit +0,2 % par an) contre +2,9 % dans le secteur public (+0,5 % par an), révélait l’ISEE en 2023.
Indexations
Mais ce qui fait surtout grimper la facture, c’est que les fonctionnaires bénéficient de surrémunérations spécifiques à l’Outre-mer. En Nouvelle-Calédonie, un fonctionnaire perçoit un salaire 73 % (Grand Nouméa) à 94 % (hors Nouméa et îles) plus élevé que dans l’Hexagone. À cela s’ajoutent, pour les fonctionnaires d’État, une indemnité d’éloignement, une prime d’installation et des jours de vacances supplémentaires. Des avantages qui font l’objet de vives critiques. L’indexation, plus particulièrement, est dans le collimateur de la Cour des comptes qui juge le système coûteux, « à bout de souffle » et à l’efficacité douteuse. Rappelons que ce dispositif, en place depuis 50 ans et jamais réformé, vise à attirer les fonctionnaires loin de la métropole et à compenser la cherté de la vie Outre-mer. Autres avantages à travailler dans la fonction publique, l’emploi à vie bien sûr, mais aussi les jours de congé, les jours de carence maladie, l’indemnisation en cas d’invalidité, ou encore les pensions de retraite, largement plus conséquents dans le public que dans le privé.
Si les fonctionnaires contribuent de manière conséquente à la consommation en Nouvelle-Calédonie, la surrémunération du secteur public a toutefois plusieurs effets pervers. D’une part, elle entraîne une inflation des prix des biens et services, rendant la vie plus chère pour l’ensemble des habitants. D’autre part, elle pèse lourdement sur les finances publiques, alors que la Nouvelle-Calédonie est aujourd’hui dans une situation financière fragile, et qu’elle évite aujourd’hui la cessation de paiement uniquement grâce à l’aide de l’État.
Mieux payés que les fonctionnaires polynésiens
Si on opère une comparaison, les fonctionnaires calédoniens sont même bien mieux payés que les fonctionnaires polynésiens. Leur salaire moyen est 45 % plus élevé (chiffre 2018) que celui de leurs confrères. « C’est l’héritage direct de nos institutions et de la superposition des strates », commente Mimsy Daly, qui dénonce une administration « pléthorique » en Nouvelle-Calédonie. Les derniers chiffres font état de 6 000 fonctionnaires de plus localement qu’en Polynésie française pour une population équivalente. La masse salariale du public représente 25,6 % de l’emploi en Nouvelle-Calédonie. « On explose tous les records en la matière. Et donc c’est un enjeu pour la Nouvelle-Calédonie pour l’avenir. Aujourd’hui, confrontés à la crise qu’on vit actuellement, le sujet de la rémunération de la fonction publique et du nombre d’agents va être absolument vital. Le moins 1 %, c’est bien, c’est louable, mais ce n’est pas assez », déplore la présidente du Medef, qui prône une contraction plus drastique de la masse salariale du public et des grilles de rémunération.
Contenir la masse salariale
Le gouvernement a effectivement revu à la baisse son objectif de réduction de la masse salariale, de 5 % à 1 %. Pour y parvenir, il préconise un gel des avancements pour la période de juin 2025 à mai 2027 pour tous les agents publics du territoire et la suppression d’un certain nombre de postes au sein de la collectivité Nouvelle-Calédonie. Sont concernés les agents fonctionnaires, les agents contractuels, les grilles fonctionnelles (emplois fonctionnels) et celles des collaborateurs, détaille la Fédération des fonctionnaires sur sa page Facebook. Seul le personnel de santé est exclu de cette mesure « avec les risques réglementaires encourus », selon la Fédé. En revanche, le gouvernement ne touchera pas à la rémunération des fonctionnaires, pour préserver dans cette période délicate le pouvoir d’achat des familles calédoniennes et celui des retraités. Selon la Fédé, « aucune autre piste n’est envisagée, ni la dépense fiscale ou sociale (exonérations, niches fiscales et autres…) ni les dépenses fonctionnelles ne sont abordées ».
Le coût du secteur public
Là encore, les chiffres récents font défaut. On sait seulement que les fonctionnaires continuent de peser sur les finances publiques. Avec ses quelque 22 000 émissaires, notre secteur public engloutit à lui seul 187 milliards de francs par an en salaires (données ISEE 2017), soit 36 % de la dépense publique. La part consacrée au fonctionnement de l’administration atteint 20 % du PIB, soit presque le double de celle observée en métropole. Un score qui n’est pas loin de constituer un record. Plus élevé encore que celui des champions du monde de la présence étatique que sont le Danemark (17 % du PIB), la Suède (16 %) ou encore la France métropolitaine (12,3 %). Alors, si on le compare aux 10 % de l’Australie, aux 7 % de l’Allemagne ou encore aux 6 % du Japon… le niveau est absolument « hors normes » internationales. Or, la Nouvelle-Calédonie n’est pas près de perdre son avance, car la facture ne cesse de grimper : entre 2007 et 2017, les dépenses salariales du secteur public, pour ne citer qu’elles, ont augmenté de 28 %.
L’absence de chiffres récents
L’ISEE n’a pas communiqué de statistiques récentes sur l’emploi public. Les dernières données officielles remontent au 2e trimestre 2020, où il est fait état de 22 368 personnes dans le secteur public (hors militaires), dont 8 900 contractuels, 10 000 fonctionnaires de Nouvelle-Calédonie et 3 300 fonctionnaires d’État. Dans le dernier débat d’orientation budgétaire 2025-2027, le chiffre de 19 302 fonctionnaires et contractuels hors OPT (1 000 personnes) et hors État a été avancé.
* Le secteur public calédonien regroupe les sous-secteurs de l’administration de l’État (composés des services de l’État et de ses établissements publics), de l’administration de la Nouvelle-Calédonie (y compris ses établissements publics), de l’administration provinciale (les trois provinces et leurs établissements publics), de l’administration des 33 communes (et de leurs établissements publics), des organismes de couverture sociale (y compris les établissements hospitaliers) et des établissements d’enseignement privé sous contrat.
Le Medef souhaite réduire drastiquement la dépense publique
L’organisation patronale est formelle : « La situation de la Nouvelle-Calédonie ne lui laisse pas d’autre alternative que de réduire drastiquement sa dépense publique », alors que celle-ci représente environ 55 % du PIB depuis 20 ans. Le tout pour une administration « peu efficace ». Priorité des patrons : ramener les dépenses de fonctionnement du secteur public de 20 % à 12 % du PIB en cinq ans, soit un gain de 80 milliards de francs. Pour y parvenir, le Medef propose entre autres de passer de 21 000 à 14 000 fonctionnaires en cinq ans, de désindexer progressivement les salaires des fonctionnaires territoriaux ou encore de réduire à deux le nombre de strates institutionnelles locales. Il est aussi question de « restituer ou déléguer à l’État des compétences non exercées ou mal exercées » comme le droit civil, le droit des assurances ou encore la sécurité civile, ou encore de mettre en place des mécanismes d’évaluation des politiques publiques.
Dépenses publiques : un gouffre sans fond
Les dépenses salariales du secteur public ne sont pas les seules à augmenter. Depuis toujours, la Nouvelle-Calédonie n’a cessé de s’engager dans une augmentation maladive de ses dépenses publiques et ce, sans parvenir à améliorer sa croissance et son tissu social dans les mêmes proportions. Entre 2007 et 2017, les dépenses du secteur public ont progressé de 45 % contre 27 % seulement pour le PIB en valeur (augmenté de l’inflation). Ces dépenses ont donc augmenté plus vite que la richesse créée sur le Caillou.

Ces chiffres qui en disent long sur l’omniprésence du public
100 agents publics pour 1 000 habitants
Le Caillou accuse un taux d’administration élevé par rapport à la moyenne des régions françaises (80 pour 1000).
Près d’1 salarié sur 3 est fonctionnaire
En 2017, le secteur public calédonien employait 26 712 fonctionnaires et contractuels (contre 65 703 salariés du privé), soit 29 % de l’emploi salarié et 23 % de l’emploi total. 24 % étaient employés par l’État, 35 % par la fonction publique locale (territoriale et communale), tandis que les contractuels représentaient 40 % (source IEOM, rapport annuel 2018). Entre 2013 et 2022, le nombre de fonctionnaires a augmenté de 15 %.
Pléthore d’entités publiques
L’administration du gouvernement de la Nouvelle-Calédonie est composée de 30 directions et services, mais aussi de 28 établissements publics. Les directions sont tout aussi nombreuses dans chacune des provinces (13 en province Sud, 9 en province Nord, 15 en province des îles) auxquelles s’ajoutent une multitude de SEM (sociétés d’économie mixte).
4 fois plus de fonctionnaires provinciaux par habitant dans les Îles que dans le Sud
Dans son rapport, la Chambre territoriale des comptes fait état de 830 emplois publics à la province des Îles. La province Sud emploie quant à elle 2 243 agents dont 997 enseignants, selon Philippe Blaise, le 1er vice-président de la province Sud. Soit en province des Îles un fonctionnaire provincial pour 21 habitants, contre un fonctionnaire provincial pour 89 habitants en province Sud, selon ses calculs.